2ème dimanche du Temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 9 janvier 2022« Tout ce qu’il vous dira, faites-le. »
Homélie
Textes bibliques : Lire
«Il y eut des noces à Cana de Galilée, et la mère de Jésus y était. Jésus aussi fut invité, ainsi que ses disciples»… Or, on manqua de vin… » ce n’est pas surprenant car au temps de Jésus, les noces duraient sept jours. La fête a donc failli être gâchée. On n’avait pas prévu assez de vin. Marie s’en aperçoit. Elle s’adresse directement à Jésus ; puis elle s’adresse aux serviteurs ; elle leur dit : « faites tout ce qu’il vous dira ». Et c’est le signe extraordinaire : six cents litres de vin, c’est bien plus qu’il n’en faut pour une noce.
Ainsi donc, Jésus commence son ministère en prenant part à un repas de noces. Certains esprits grognons ont dû penser que c’était une curieuse façon d’annoncer la Parole de Dieu. D’ailleurs on le lui reprochera. Jésus lui-même s’en est rendu compte : un jour il dira : « le Fils de l’homme est venu : il mange et il boit et l’on dit : c’est un glouton et un ivrogne » (Mt 11-19)
Il ne faut pas lire cet Évangile comme une belle histoire qui finit bien. En agissant ainsi Jésus agit dans la ligne des prophètes. Les uns et les autres proclamaient le Message de Dieu autant par des gestes symboliques que par des paroles. L’image des noces exprime l’amour de Dieu pour son peuple. Son geste d’aujourd’hui nous rappelle l’alliance nouvelle. Un jour, il a comparé le Royaume de Dieu à un roi qui célébrait des noces pour son fils. Jésus a épousé notre humanité pécheresse pour l’élever jusqu’à sa divinité. Il invite chacun à vivre une alliance d’amour avec lui.
Mais le vin manqua. Dans la Bible, le vin c’est le symbole de la joie et de la bénédiction divine. Le manque de vin exprime la détresse des hommes qui sont loin de Dieu. Jésus a vu cette détresse et il est descendu parmi nous pour que nous ayons la plénitude de sa joie. Tout cela, il le manifeste à Cana par ces noces. Et il ne lésine pas sur les moyens : six cuves, environ six cents litres ! Et pas du vin ordinaire mais du vraiment « supérieur » comme on n’en avait jamais goûté ! Du bon vin gardé jusqu’à maintenant, celui de son amour pour nous.
La première lecture nous invite à entrer dans l’élan d’enthousiasme du prophète. Il s’adresse pourtant à une communauté qui se trouve réduite à une poignée de rescapés. Nous n’avons pas de mal à nous reconnaître dans cette description : il est de bon ton d’être inquiet pour l’Église ; c’est vrai que la baisse de la pratique religieuse, le manque de prêtres, les divisions entre chrétiens ont de quoi nous inquiéter. Mais le prophète intervient pour nous rappeler que Dieu n’a jamais cessé de nous aimer. Il se présente à tous comme l’époux qui est passionné d’amour pour son épouse. Sa puissance et sa gloire vont éclater, à tel point que les pays voisins seront émerveillés.
Dans la seconde lecture, saint Paul nous rappelle précisément que nous ne sommes pas abandonnés. Si des communautés chrétiennes se développent c’est d’abord grâce à l’Esprit Saint. Il est toujours présent et agissant dans le cœur de ceux et celles qui le met sur la route des missionnaires. Comme l’apôtre Paul, nous pouvons, nous aussi, faire la liste considérable des dons de l’Esprit Saint dans l’église d’aujourd’hui. Quel que soit le charisme de chacun, c’est toujours lui qui agit. C’est d’abord grâce à lui que le travail des missionnaires peut porter du fruit.
En lisant l’Évangile de ce jour, nous ne devons pas oublier le rôle de Marie, la mère de Jésus. Elle a vu le manque de vin et elle a dit à son fils. Elle est aussi présente dans notre vie. Elle voit tous nos manques, manques d’amour et de joie, manques d’espérance, manques de de paix. Si nous n’avons pas l’amour, nous ne pouvons pas entrer dans cette alliance entre Dieu et les hommes. Mais il nous faut entendre l’invitation de Marie : « Faites tout ce qu’il vous dira ».
Aujourd’hui comme autrefois, Jésus nous invite à puiser. Cette eau qu’il nous faut puiser c’est celle de la vie qui est en Dieu, c’est celle de son amour ; c’est l’eau vive que Jésus proposait à la Samaritaine. Le Seigneur ne cesse de vouloir nous combler de cette vie qui est en lui. Il suffit de puiser à la source et il fait tout le reste.
En conclusion, l’Évangile nous dit que Jésus « manifesta sa gloire » et que « ses disciples crurent en lui ». Ici, ce n’est que le début. La manifestation suprême de sa gloire aura lieu à « l’Heure de la Croix ». Le signe de Cana nous annonce la joie débordante de Pâques. Ce vin servi en abondance est le signe de la nouveauté et de la puissance de l’Évangile. À Cana, Jésus a remplacé l’eau par du vin. Mais n’oublions pas qu’il veut changer notre vie fade comme de l’eau en une vie bonne et savoureuse comme un grand cru. Un jour, ce sera la grande surprise. Nous pensions qu’il aurait servi le bon vin en premier. Encore une fois, une dernière fois, nous découvrirons que Jésus aura gardé le meilleur pour après et pour les siècles des siècles. Amen
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Sources : Revue Feu nouveau – Fiches dominicales – les cahiers Prions en Église – Dossiers personnels…
L’Évangile de ce dimanche nous relate le premier acte de la vie publique de Jésus : Il participe à un mariage. « Il y avait un mariage à Cana de Galilée. La mère de Jésus était là. Jésus aussi avait été invité au mariage avec ses disciples. » (Jn 2:1-2) L’annonce de la Bonne Nouvelle s’inaugure sous le registre de la joie. Jésus prend part avec intérêt au bonheur de son entourage ! Mais aussi, Il se montre prévenant lorsqu’un souci risque de gâcher la fête. Quand le vin vient à manquer, la festivité est compromise. Solidaire dans la joie des convives, Jésus viendra au secours des époux en difficulté en changeant l’eau en vin.
Le symbolisme de cet événement est clair : Dieu est présent dans nos moments de bonheur mais aussi lorsqu’une inquiétude se pointe. Il répond aux besoins des hommes et les comble au-delà de leurs espérances. À travers le miracle à Cana, nous pouvons constater que la grâce de Dieu agit souvent en nous tout en douceur et discrétion. À notre insu !… Le récit du miracle nous montre que Jésus entre réellement dans notre vie. Un Dieu d’Amour au plus près des hommes. Un Amour attentionné jusqu’au plus petit détail dans la vie de chacun. C’est la révélation essentielle de la Bonne Nouvelle. N’a-t-il pas dit : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos ! » (Mt 11:28) Dieu veut le bonheur de l’homme ! À Cana, personne ne se doute de rien, seul le maître de cérémonie, en découvrant avec étonnement cette situation inhabituelle, s’adresse au marié : « Tout le monde sert le bon vin en premier et, lorsque les gens ont bien bu, on apporte le moins bon. Mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant. » (Jn 2:10) Aujourd’hui encore, beaucoup considèrent que la religion est un carcan de règles et d’obligations qui nous enchaînent. Une longue liste de préceptes à respecter… Ils imaginent que le christianisme est l’ennemi de la joie, et que la foi s’oppose au bonheur humain. Qu’ils prennent le temps de bien lire ce passage de l’Évangile. Qu’ils méditent sur le message d’Amour qui s’y dégage. Dieu prend soin de chacun de nous. « Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien. Sur des prés d’herbe fraîche, Il me fait reposer. » (Psaume 22)
Le récit de l’Évangile témoigne aussi de la délicatesse de Marie au bien-être de son entourage. En bonne mère de famille, elle prête attention à tout ce qui aurait pu sembler une fausse note, à tout ce qui aurait pu troubler la joie commune des convives. Marie a vu que les époux se trouvaient en difficulté. Alors, discrètement et sans insistance, elle s’adresse à Jésus pour sortir les mariés de l’embarras. Elle Lui dit tout simplement : « Ils n’ont plus de vin ! » (Jn 2:3) La requête de Marie manifeste sa confiance extraordinaire en la bonté de son Fils. Elle s’en remet totalement à Lui pour trouver une bonne issue à la situation difficile de ce jeune couple. Cette disposition naturelle de Marie à aider les autres nous touche. Marie est toujours prête à intercéder auprès de son Fils pour tous ceux qui mettent leur confiance en elle. Cet état d’esprit, nous le voyons déjà quand elle rend visite à Élizabeth, sa cousine âgée enceinte de Jean-Baptiste. Elle accourt là où l’on a besoin d’elle ! Telle est la Mère vers laquelle les fidèles se mettent en pèlerinage depuis des générations, aux différents lieux où elle se manifeste. C’est à elle que nous confions nos préoccupations, nos situations difficiles. Mais, toujours avec humilité, Marie s’efface, elle nous renvoie à Jésus car tout vient de Lui. Elle nous pousse à entrer en intimité avec Dieu. Avec elle, nous apprenons à nous remettre à Celui qui est venu apporter le bonheur à l’humanité. « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. » (Jn 2:5) Quel précieux conseil qu’elle adresse encore à chacun de nous, aujourd’hui !
Avec ce dimanche nous commençons le ‘Temps Ordinaire’ de l’année liturgique ‘C’. Cette appellation nous renvoie à la simple réalité de notre vie. Comme à Cana, Jésus entre avec bienveillance dans l’ordinaire de notre quotidien. Avec ce premier miracle accompli parmi les siens, Jésus nous montre qu’Il nous accompagne avec bonté dans notre vie ordinaire. Car c’est bien à la table de nos joies et de nos peines de notre existence que Jésus s’invite pour la transformer. Il relève la saveur de notre vie dans sa réalité ordinaire ! Le banal du quotidien est transfiguré par la présence aimante du Christ. Il est là à nos côtés et attentif à nos inquiétudes. « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps. » (Mt 28:20)
Nguyễn Thế Cường Jacques